Optimiser son matériel

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Optimisez votre matériel en soignant votre prise de vue et vos paramètres d’exposition

La mode est toujours à la course à l’équipement… le marketing des grandes multinationales fonctionne pour le mieux! La publicité, les mags vous affirment que la technologie progresse, et on vous le confirme bien dans tous les sites de tests, d’essais, publis-reportages. On va même au delà, en nous incitant à penser que notre matériel est déjà obsolète.

Il y aurait donc des images faites avec du matériel dernier cri que l’on n’aurait pas pu faire avant? Ces images nous donneraient-elles plus d’émotion, de plaisir, d’intérêt, que celles que l’on aurait pu réaliser avec du matos dit “dépassé” ou “inférieur”? La qualité perçue de ces images sont-elles bien au delà de ce que l’on aurait fait avec notre équipement “vieux” de 10 ans (10 ans déjà ouh là là mon dieu…)!? Faut-il nécessairement avoir un équipement cher pour produire de belles images? Un “bon” appareil photo cela fait toute la différence?…

Retour vers le passé - Veilles Deuch - Nikon D70 - F/10 - 1/350
Retour vers le passé – Veilles Deuch – Nikon D70 – F/10 – 1/350

Bon, vous vous doutez bien des réponses!

Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il faille rester nuancé, et extrêmement mesuré lorsque l’on parle de progrès technologique, d’évolution voire de révolution…

C’est vrai et incontestable il y a eu des progrès:

Dans nos APN. Les capteurs sont devenus plus définis , plus riches en nuances , plus riches en couleurs, plus sensibles, plus tolérants en hautes et basses lumières, moins “granuleux” et “moutonneux”.

Les capteurs sont donc meilleurs, mais une image ne se réduit pas à la simple performance d’un capteur et l’amélioration des capteurs ne pourrait justifier une meilleure image que dans des cas vraiment spécifiques et rares…

  • Nouveau capteurs plus définis : Plus de pixels! C’est un avantage très théorique, si le rapport d’agrandissement est vraiment extrêmement élevé ET si la distance d’observation (dans le cas d’un tirage papier ultra haute définition) est vraiment faible. En pratique cela veut dire que si l’on regarde un très grand tirage de manière à couvrir la totalité de notre champ de vision, un appareil de 10 ou de 12 mpix suffirait pour produire cette image*. Dans le cas d’une observation sur écran c’est pareil, il faudrait visualiser une image fortement recadrée, plein écran sur un écran à très haute résolution. On constate d’ailleurs que depuis 2 ans la course aux pixels n’est plus aussi déterminante dans les arguments marketing des grandes marques… En pratique il n’y a que peu de raisons d’être limité par un appareil qui ne possède pas plus de 10-12 mpix. Vous devez simplement cadrer avec plus de rigueur et bannir tout recadrage sauvage… Maîtriser le cadrage, c’est quand même la première chose lorsque l’on prétend “faire de la photographie”…

* Un Nikon D80 qui a 12 ans avec ses 10 mpix peut produire une image de 50x75cm en 130dpi ce qui reste acceptable pour être regardée comme il se doit à environ 1 mètre. Et sur écran? Je vous rappelle que pour afficher en plein écran et sur un écran Full HD, 2 mpix suffisent et que la dernière génération 4K ne restitue que 8 mpix !!

Attention, plus un capteur est gorgé de pixels, plus la densité de pixels est élevée et plus il faut faire attention à la vitesse limite d’obturation car le risque de bougé sera aussi plus important.  La précision de mise au point sera déterminante et la limite d’ouverture utilisable sera plus restreinte (La diffraction sur un APS-C de 24 mpix arrive au mieux dès f/8 et dès f/11 pour un plein format)

  • Capteurs plus riche en nuances. Codage couleur (en nb de bits) plus important, espace colorimétrique plus large. C’est bien mais pour profiter de cet avantage il faut être précis sur le post traitement et  sur la gestion des couleurs, il faut vous donner les moyens d’avoir une chaîne graphique homogène et proportionnée (équipement de prise de vues, informatique, écran calibré, logiciels), de pouvoir faire réaliser de beaux tirages pigmentaires équilibrés sur du matériel performant ou de les visualiser sur de très chers et très rares écrans large gamut… Il faut aussi que l’image possède cette gamme de nuance et que cette subtilité participe à la mise en valeur de la scène. Bon nombre de photographes “sur vibrent” ou “sur saturent” leurs images en post traitement et réduisent les nuances ou faussent les couleurs… A quoi leur servira cette qualité de capteur?
  • Capteurs plus dynamiques. Oui c’est aussi un avantage pour avoir du détail dans les hautes et les basses lumières. En pratique on essaye de soigner son exposition en privilégiant hautes ou basses lumières, en débouchant les ombres, en attendant la bonne lumière, en post traitant finement… et si cela ne suffisait pas on constaterait que finalement peu de scènes, paysages, seraient vraiment limitées par un capteur peu dynamique.
  • Capteurs générant moins de “bruit”, moins de “grain” (meilleur rapport signal sur bruit), plus sensible (Plage iso augmentée) . Certes! Les capteurs actuels montent facilement à 6400 ou 12500 iso pour un rendu raisonnablement exploitable. Pour mémoire en argentique on arrivait à réaliser des images relativement fines avec des sensibilités max de 1600 iso. Aujourd’hui en numérique, 1600 iso serait donc une sensibilité banale. Soit! Mais mis à part la photo d’observation, le reportage extrême ou certains domaines très spécifiques, je pense quand même que de très rares cas nécessiteraient d’aller largement au delà de ce type de sensibilité…  Les logiciels de dé-bruitage eux aussi on fait des progrès et produire des images tout à fait correctes à 1600 – 3200 iso avec un reflex numérique d’il y a 10-12 ans n’est pas exclu.  Relativisons donc un peu sur l’intérêt de gagner 1 ou 2IL au delà de 3200 iso et soignons d’abord notre post traitement! Personnellement j’aime le grain en Noir et Blanc et plutôt que d’essayer de lisser l’image, il est quelquefois plus intéressant de le travailler (Cf module DXO Filmpack).

En pratique un “ancien” capteur n’a rien de rédhibitoire pour ceux qui auront une bonne connaissance de leur équipement (savoir jusqu’où aller), qui sauront optimiser leur prise de vues et la post production.

Quelques conseils :

Pour garder une bonne dynamique, de belles nuances, un grain faible… il faut rester bas en ISO et donc exposer juste, ni trop, ni trop peu… Un photographe fortuné avec boîtier top niveau qui expose son paysage bucolique au 1/2000ème pour 800 iso n’obtiendra pas une meilleure qualité d’image qu’avec un vieux reflex ou un matériel d’entrée de gamme au 1/250ème pour 100 iso. Gâchis malheureusement fréquent!

Les ouvertures de travail doivent rester sur les meilleures performances de vos objectifs. Renseignez-vous  pour connaître les meilleures plages d’utilisation de votre équipement .

Les limites de bougé devront être bien respectées et la précision de mise au point soignée. Si votre appareil vous permet un réglage fin de l’AF, utilisez-le et calibrez vos objectifs! Lorsque vous travaillez sur la profondeur de champs, utilisez de bonnes abaques (voir article)

Post-traitez finement toutes vos images. Cela fait partie de la photographie! Un post-traitement précis et fin sera bien plus efficace qu’un changement de matos dans la plupart des cas.

La qualité d’un boîtier ne se résume pas à la seule performance  de son capteur. Bien prendre en main son appareil, anticiper et connaître les accès rapides à certaines fonctions clés restera toujours essentiel.

Gardez à l’esprit que plus votre image fera la part belle en originalité, en émotion, sur un instant choisi ou une action privilégiée, avec une belle lumière et moins l’aspect technique ou “qualitatif” sera déterminant…

Pour ceux qui en ont les moyens, remplacer son reflex numérique pour un nouveau boîtier performant vous permettra d’améliorer discrètement certaines prises de vues, et aussi d’accéder à certaines fonctions de confort… En pratique je vous dirais que sans maîtrise cette évolution technologique ne vous apportera rien et qu’avec une bonne maîtrise les bénéfices resteront discrets voir superflus.

Reste à voir si le plaisir procuré par ce nouvel équipement, l’attrait  de la nouveauté, ne vous donnera pas des ailes de créativité, se sera peut-être un effet placebo… mais qui n’y sera pas sensible?

 

Thierry Navarro

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